Superpouvoir

C’est agaçant. Non vraiment, il faut que je trouve un moyen de récupérer ce super pouvoir… Les choses seraient tellement simples et le monde tournerait tellement rond. Enfin, selon ma conception de la rondeur. Je veux dire avec lui, pfiout, envolés les soucis venus d’autres personnes que moi. De toutes façons, les soucis ne pourraient même plus apparaître puisque ce super pouvoir les empêcheraient avant même qu’ils ne deviennent l’embryon d’une chiure de mouche.

Comment ? De quel superpouvoir parlais-je ? Ha ben de la combinaison omniscience/omnipotence, bien-sûr !

Non mais faut être réaliste, ce serait mille fois plus simple si les êtres humains pouvaient s’écouter et se respecter sans prendre la mouche à la moindre remarque ou tentative parfois maladroite de communiquer. Imaginons : un couple se déchire… Avec mon superpouvoir, hop hop hop, pas de souci Omniposcience arrive à la rescousse (bon, je suis bien consciente que ce nom de super héroïne n’est pas des plus glamours, mais on pourrait me surnommer Omnipo ou POPO, non ?). Bref, le couple se déchire et moi, j’arrive avec mes supers yeux convaincant et je les envoûte et là, plus de dispute, plus de fierté mal placée, plus de souffrance. Les deux amants amoureux bouffés par leur quotidien se regardent, s’assoient à une table et se mettent posément à parler, à tout cracher mais avec générosité, honnêteté absolue. Les griefs explosent, les reproches se transforment en un feu d’artifice de révélations sur soi, c’est une apothéose de franchise et de découverte d’un amour absolu enfin possible…

Hein ? Quoi ? Que je redescende sur Terre ? Mais pourquoi ? Parce que ça ne peut pas fonctionner comme ça ? Mais pourquoi ? Parce que les gens n’ont pas appris. Mais pourquoi ? Parce que le monde ne tourne pas rond et que se déchirer et briser ce qui se construit fait partie de l’être humain. Mais pourquoi ? C’est comme ça. QUOI ? Mais qu’est-ce qui est comme ça ?

Le fait qu’il devienne de plus en plus rare de résister à l’envie de tromper, de mentir, de baisser les bras ? De consommer des relations comme on consomme des yaourts jetables (tiens, c’est rigolo, je n’en consomme pas). Qu’il est plus facile de vouloir sauver le JE que le NOUS. Non, je ne prône pas un truc de réac. Non, je ne suis pas nostalgique d’un temps où ces couples souffraient le martyre toute leur vie parce que ça ne se faisait pas de partir.

Ha vous croyez vraiment que je me délecte d’un monde de bisounours. Et ben même pas !! Ha ha, vils pessimistes et démonteurs de convictions que vous êtes.

Non, je crois définitivement et fermement en la capacité d’un couple à se battre pour réenchanter le quotidien. Je crois en la possibilité, quelque part je ne sais pas où, qu’il existe quelqu’un qui est capable de se dire que les obstacles s’affrontent et ne se contournent pas ou s’évitent.

Ha mais totalement ! Je crois en la douleur que cela crée de faire ces efforts mais pour un bonheur plus grand ensuite. Quoi maso ? Non, je ne suis pas maso, ou alors si. On peut accepter de la souffrance pour aller vers un absolu lumineux et débarrassé de toute gêne, de toute peur de l’autre, de cet égoïsme et de ces carapaces qui se construisent dans un couple au fil des années.  Si ça, c’est être maso, alors j’assume totalement le bâton que je tends pour qu’on me batte.

D’où le superpouvoir ! Si c’est effectivement gênant de souffrir pour atteindre ces buts ultimes, pas de problème. Je deviens omnisciente et omnipotente et voilà. Chaque jour, je distribue mon lot de courage, mon lot d’humilité, mon lot de sincérité. Et je retire aigreur, petitesse d’esprit, fierté à deux balles, égoïsme patenté.  Imaginez alors tout ce que je pourrais réaliser…

Tu colles une étiquette à ta future ex-moitié ? Un comportement non contextualisé devient une tare congénitale impossible à faire disparaître ? Superpouvoir ! Et terminé, le comportement est analysé, décortiqué et on essaie de comprendre pourquoi il est apparu, pourquoi il a dérangé et on corrige, on répare, on améliore… Je deviendrais la Super Mario des relations de couple !!

Non, vraiment, il me le faut ce superpouvoir. Parce que malgré tout, je m’épuise, je fatigue. Je me sens comme un Don Quichotte qui se bat contre les chimères d’un monde qui ne tourne pas dans le même sens que mes convictions. Parce que je me prends des murs qui font mal et que je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas les défoncer à coup de générosité, de tolérance, d’acceptation, de concessions, d’écoute. Parce que c’est vrai que l’autre monde est plus fort.

Celui du « Sauve qui peut, surtout chacun pour sa gueule… »

Peut-être que je suis une idéaliste, peut-être que je ne trouverai jamais ce superpouvoir qui aiderait tant à ne pas toujours tout briser. Ou peut-être pas. Mais je ne peux que rester droite dans mes bottes, continuer de croire en l’amour absolu. Celui où les affects se posent, s’ouvrent comme des fleurs au soleil et se laissent butiner et titiller par les questionnements et les tentatives de compréhension. Tous ces petits papillons qui par leurs battements d’ailes et efforts incessants se nourrissent de ce nectar pour aller disséminer les pollens d’une vie plus apaisée. Comme ces fourmis qui vont creuser au plus profond de nous l’envie de sauver ce qui doit être sauvé. Par prétention, pour être les plus beaux, les plus courageux, les plus persévérants. Ceux pour qui on peut dire, ils ont réussi, ils ont tenu et ont trouvé le bonheur tapis au fond de leurs grottes respectives pour en faire un cocon solide avec des ouvertures permanentes vers une liberté et une sécurité retrouvées.

Je l’aime bien ce superpouvoir. Mais j’avoue que je ne sais pas où il se cache. Mais si je le trouve peut-être que je le partagerai. Ouai, allez, c’est promis, je le sèmerai pour en faire des fleurs épanouies au soleil du renouveau.

Funambules… sur le fil d’un rasoir

Je ne sais pas à quel moment c’est parti en couilles, à quel moment il y a un truc qui s’est passé dans l’Humanité pour qu’à ce point on devienne des funambules des émotions sur le fil d’un rasoir.

J’ai la sensation, de plus en plus souvent, que l’expression de cette sensibilité naturelle chez l’être humain est devenue une chose taboue, une chose interdite. A mon avis, il y a une sorte d’esprit malin qui a décidé un jour de foutre un peu la merde dans les relations humaines. Je ne sais pas, il a dû sentir tous ces échanges de phéromones et d’hormones très primaires, ocytocine, endorphine, dopamine, sérotonine et, là, il s’est dit : « Tttt, pas bien… ça va mener à trop de bienveillance, tout ça. Faut changer un truc. » Et paf, il nous a collé une espèce de mur virtuel anti-agression de bonheur qui fait que les relations humaines simples et basiques, heureuses et ouvertes, sont devenues un beau merdier. Comme disent les Ricains dans leurs séries TV quand les scénaristes sont à court d’idées pour exprimer les sentiments des personnages : « It’s complicated. »

Et du coup, on se retrouve comme des cons avec nos émotions qu’on n’ose plus partager ou qu’on rejette chez les autres : « Ah la la, quelle horreur ! Ne t’approche pas de moi. Toi et ta colère, toi et ta peine, toi et ta tristesse, éloignez-vous. »

Funambules… sur le fil d’un rasoir

Et l’esprit, là, il s’est surtout attaqué aux émotions les plus fortes et que l’on considère trop souvent comme négatives. Alors, oui, vous me direz qu’il y a flopée de bouquins sur le développement personnel et sur l’accueil des émotions. Sauf que j’ai quand même la très nette impression qu’on te demande de museler tout ça. Accueille, accepte à l’intérieur de toi, mais ferme ta gueule, s’il te plaît. Les artistes ont l’immense chance de pouvoir exprimer tout ça par leur art. Mais on n’est pas tous des Picasso, des Léonard Cohen ou des Tarantino. « Ben va courir, ça te fera du bien ! Tu évacueras. » Oui j’évacuerai mais peut-être que j’avais surtout besoin d’en parler à la personne qui compte le plus au monde pour moi. Putain, esprit malin, qu’as-tu fait ?

Funambules… sur le fil d’un rasoir…

Parce que bien évidemment, c’est dans les relations de couple qu’on a le plus fréquemment cette impression de musellement. Ne pas envahir l’autre, ne pas l’étouffer, ne pas le blesser, ne pas le vexer. Et le vilain spectre noir, il a fait en sorte que ça merde surtout dans ce coin-là. Mais si chacun pouvait simplement exprimer ce qu’il ressent en mettant de côté ce putain d’ego qui ne fait qu’envenimer les choses. Ha je le vois bien le saligaud, en train de nous susurrer à l’oreille : « Ta moitié ne va pas bien, soutiens-la mais protège-toi. Eloigne-toi, tu vas te perdre… Pense d’abord à toi… ». Pathétique !

Funambules… sur le fil d’un rasoir

Si on arrêtait de croire qu’on a sans cesse besoin de se protéger de l’autre. Et si justement on les accueillait toutes ces émotions, comme des cadeaux de franchise, d’honnêteté, d’amour absolu car sans frein. Comment être entier si on passe son temps à se brider ? On ne le fait pas pour une bagnole alors pourquoi le faire pour nos sentiments. Allez, lâchons les chevaux, putain, faisons un feu d’artifice d’émotions, laissons éclater toute notre hargne, notre dépit, nos angoisses. Et délectons-nous dans le bonheur, une fois qu’on a gueulé un bon coup.

Funambules… sur le fil d’un rasoir

Je n’ai jamais compris ce principe dans le couple, qui semble assez universel et ovniesque pour moi : l’un a besoin d’une caverne et l’autre a tendance à envahir avec ses émotions. Et bien souvent, dans ce genre de situation, c’est à celui qui exprime que l’on demande de se taire, de laisser l’autre, de donner du temps. Alors, oui, je ne dois pas être adaptée à ce monde d’enfermement. On dit que je suis un livre ouvert et qu’il faut apprendre à cacher un peu pour se protéger. Mais je trouve ça tellement compliqué. Pourquoi ? Pourquoi devrait-on cacher à la personne que l’on aime ce que l’on est, intrinsèquement, intensément ?

Funambules… sur le fil d’un rasoir

Je suis convaincue qu’à force de tout garder pour soi (même en les accueillant ces foutues émotions naturelles), on finit par dépérir un peu. Peut-être qu’on a trop peur de faire mal à l’autre, de le blesser par son expressivité ? Mais d’où vient cette mauvaise conscience qu’on nous inculque en permanence ? Et le revoilà cet esprit malin, ce diablotin qui a enfermé notre force émotionnelle pour la réduire à des injonctions de bonne tenue. Dire à celui ou celle que l’on aime ce que l’on ressent profondément (sans accuser, sans critiquer bien-sûr), est-ce vraiment si terrible ? Et accueillir ces émotions (parce que c’est souvent là que le bât blesse), est-ce si difficile ? Les thérapies consistent souvent à accepter ses émotions pour soi, pour se sauver soi. OK, j’ai jamais fait de thérapie de couple, dans laquelle, par arbitre interposé, on se balance tout à la gueule… (caricatural ?) Mais je n’en peux plus de cette espèce d’égoïsme qui nous fait croire qu’on est seul au monde face à soi-même.

Cet esprit malin, j’ai envie de lui éclater la tronche à coup de batte de base-ball. Mes émotions, je n’ai pas envie de les restreindre. Je suis peut-être envahissante, harcelante mais je suis entière. J’en ai marre de jouer à l’équilibriste.

Funambules… sur le fil d’un rasoir

L’être humain est fait pour aimer, pour partager les douleurs, les joies, les peines. Nous ne pouvons pas être seuls. Je haie cette maxime du « Au final, on est toujours seul. » Oui, face à la mort, le jour où on voit la lumière, on est seul. Mais qui te dit qu’on ne meurt pas mieux parce que l’être aimé te tient la main au moment du grand départ ? Qui te dit qu’il ne fait pas un peu plus chaud quand tu pars et qu’une personne qui t’aime te tient la main ?

Allez, je déclare ouverte la journée des émotions exacerbées et véritables.

Brûle en enfer

Chère dépression,

Tu as cru bon devoir m’aider quand je me suis sentie en faiblesse. Tu as cru qu’en t’installant en moi, bien au chaud, bien au cœur de mes entrailles, tu pourrais me servir de bouillote réconfortante. Que cela serait une sorte de soutien psychologique qui attirerait peut-être, qui sait, l’attention sur moi. Tu as bien travaillé pendant ces dernières années. Tu as su instiller en moi un profond sentiment d’impuissance, d’inutilité et de désespoir. Le négativisme est devenu mon mode de fonctionnement. Le pessimisme aussi, ôtant toute force à l’optimisme des gens qui m’entouraient, aux belles choses qui m’arrivaient par ailleurs. Non, tout ça, tu l’as tranquillement déconstruit, détruit. Tu as réduit comme peau de chagrin ma motivation, mes envies, mes besoins, ma volonté. Je suis devenue un fantôme de moi-même, un poids lourd et dépendant pour mes proches. Adieu l’estime de moi, adieu l’amour que je me porte avant tout. Oui, tu as bien travaillé. Tu as mis à mal ma relation avec mon fils, mes relations sociales, puisque je suis devenue une ermite-mamie-avec des chats, mon couple. Tu es une pro de la destruction, espèce de petite Lilith à deux balles.

Alors maintenant, écoute-moi bien, sale petite vermine. Ta bonté enveloppante, je n’en veux plus. Ta noirceur permanente, tu peux te la coller où je pense. Aujourd’hui, je te le dis, je t’emmerde et te conchie. Tu as détruit ce qui était le plus important : ma propre personne. Alors aujourd’hui, je te demande, calmement, mais de manière ferme, de prendre tes valises, bien trop lourdes pour moi et surtout beaucoup trop encombrantes pour ma petite personne, et de te casser, loin, très loin. En fait, je pense même que je vais te brûler, vive. Parce que tu ne mérites rien de plus que mon mépris et ma haine.

Ha oui, oui, oui, oui. Je t’entends déjà me dire : « Mais c’est inconfortable d’affronter le monde, ma louloute… Tu vas devoir prendre des risques, t’exposer. C’est instable, insécurisé… Il va te falloir de la force et de la volonté. ET ta volonté, rappelle-toi, je l’ai réduite en miettes, ta petite volonté. » Et bien, là encore je te répondrai : « Va te faire foutre ! »

Parce que justement, je préfère affronter l’instabilité que de me complaire dans un mal-être destructeur. Parce qu’aujourd’hui, je veux retrouver ma verve destructrice et écrire des chroniques drôles, incisives et ironiques. Parce que je veux vivre avec espièglerie et humour. Profiter de ceux que j’aime sans sentir au creux de mon oreille un truc qui met en permanence un doute sur ce que je suis en train de vivre. Je veux vivre MA vie et je veux que tu te barres.

Alors maintenant qu’on a fait le point, je vais imprimer cette lettre et la brûler. Pour le symbole, la libération. Je vais aussi la publier parce que mon blog parle de choses qui sont universelles et que je veux embrasser cette universalité et non plus ma seule et unique personne en mal de vivre. Alors bye bye connasse. Va, je te haie… vraiment !        

Illusion de bonheurs fugaces

Sur le papier c’est beau, sur l’écran, c’est lisse. « Wouah (emoji qui ouvre la bouche en grand, histoire d’en rajouter une couche parce que « wouah » ça n’est pas assez clair…), ça doit être formidable de se réveiller avec quelqu’un d’aussi joli au réveil ». Voilà, une phrase qu’on peut apercevoir, comme ça, au passage sur les réseaux sociaux ; des gens qui s’affichent derrière des filtres, des poses non naturelles et des regards aux yeux de biche hyper khôlés. Tout ça est terriblement artificiel. Parce que euh, pardon, hein, perso, quand je me réveille le matin, j’ai la tête dans le cul, au moins trois heures de sommeil qui sont parties dans les limbes d’une insomnie capricieuse et tenace. J’ai la bouche pâteuse parce que j’ai besoin de me réhydrater et je suis légèrement moite, encore prise dans la chaleur de la couette et du lit douillet. Mais, je peux avoir un sourire espiègle quand même.

Depuis quelques temps, je surfe un peu plus souvent sur ces réseaux et j’y vois des femmes qui s’exposent, à fond, seins nus, corps nus dans des poses lascives avec des sous-vêtements dont les ficelles te donnent juste envie de faire des nœuds et de crier sur un ton vengeur : « Tu fais moins la maligne, là, avec tes nœuds à défaire ! Haha, allez démerde-toi avec, tu passeras moins de temps à t’afficher et plus à utiliser tes dix doigts ». Non parce que, excusez-moi encore pour cette digression, mais euh, les sous-vêtements pour femme, les sexy là avec tout leur tralala, c’est pas confortable. Certains sont beaux, certes, mais un bon shorty en coton, ça met vraiment plus à l’aise. Et a-t-on encore besoin de « mettre en valeur » le corps de la femme pour en montrer sa beauté, à poil, ou tout comme.

Ouhhh… petite conservatrice que tu es ! Dis-donc, tu ne tenterais pas un retour à une pudibonderie bien inutile en ce moment ? Du genre cache tes seins, tu es provocante, etc. Non, parce que je sais l’importance de montrer pour ne pas craindre. L’art en est truffé. Sauf que de nombreuses images montrent encore et toujours la femme comme un objet. Pour être belles, elles courent à la performance sportive pour retrouver (mais peut-être qu’elles ne les ont jamais vraiment eues) des formes uniquement issues de retouches Photoshop. Et voilà que je t’enlève de la cellulite ici, hop j’adoucis la courbe de tes hanches. Un petit coup de liposuccion par-ci, une injection de botox par-là. Mais ces formes sont le reflet de leur vie, de ce qu’elles ont enduré. Je ne dis pas qu’il faut les garder si on ne les aime pas, mais apprendre à accepter ces changements est vital, sinon on s’aliène. Bon, je sais, discours éculé et en plus je digresse encore une fois de mon discours initial : les illusions (quoique non, en fait).

Mais je dois avouer que ce monde virtuel où tout le monde s’affiche sans vergogne, se met en valeur, se rend beau me met un peu mal à l’aise. Parfois j’y participe, mais je reste ancrée dans l’idée que la réalité est bien plus belle. Avec ses difficultés, ses fissures, ses défauts. Ils ne devraient pas faire peur. A force d’illusions et de vies rêvées, on en oublie que beaucoup de choses réussissent parce que le chemin a été sinueux, semés d’embûches mais qu’on les a surmontées. Or, de nos jours, c’est la fuite qui est privilégiée. La déconstruction plutôt que la rénovation, l’embellissement. La vie réelle est faite de concessions, d’efforts, de luttes parfois. D’acceptation aussi. Le monde de l’illusion, celui que j’appelle le monde du bling-bling, n’est justement qu’illusion pour moi. « Wouah (émoji du wouah, oui obligé)… il était trop in, j’ai rencontré des gens hype » (oui, bon, c’est probable qu’on n’utilise plus ces mots, mais je m’en fous, on me comprend).

On cherche partout à séduire, à se montrer sous son meilleur jour, son meilleur profil. Mais la réalité est tellement plus belle. Plus sombre aussi, c’est sûr, mais au moins on a les deux pieds sur terre. Être capable de dire que non, on ne va pas bien, que non, on n’est pas en forme, c’est important aussi. Ne pas tomber dans la plainte, on est d’accord, mais ne pas croire qu’il faut que tout soit toujours beau et fantastique et positif. Vivre avec des illusions fait perdre la réalité de vue et pose un voile sur les choses qui sont autour de nous, que nous avons construites, pour lesquelles on a pris du temps et donné de l’énergie.

Oui, ces meufs, ces mecs s’affichent avec leurs belles silhouettes, leurs beaux muscles. Mais où sont leurs fêlures ? Ce qui fait qu’ils en sont là aujourd’hui ? Leur réalité est ailleurs.

Alors, on a le droit de s’octroyer des rêves et de les suivre et même de les vivre, mais ils ne doivent pas, à mon sens, faire oublier ce qui est déjà là, autour de nous : les gens qu’on aime, une nature qu’on fait souffrir mais qui continue d’être là pour nous, les amis, ce qu’on a construit. Les illusions nous bercent, elles sont douces, mais elles assombrissent parfois notre jugement. Oh putain ! Je viens de revivre le mythe de la caverne !!!

Sexisme ordinaire

L’autre jour en nous promenant avec notre fils, nous avons croisé une petite voisine qui est dans la même école que lui. Spontanément, alors que nous bavardions avec sa maman, notre loulou est parti jouer avec cette louloute. Et je dis bien, spontanément, voire naturellement.

Ayant repris notre chemin, mon cerveau a lui aussi repris le sien. Celui des voies sinueuses et complexes de la pensée en feux d’artifices et en embranchement en tous genres qui peuvent me faire passer de la recette de la choucroute à la philosophie du bonheur tout en élaborant le schéma virtuel du prochain doudou que je créerai. Mon esprit a donc vagabondé sur cette rencontre et m’a amenée à la question suivante (enfin, mi-remarque mi-question, voire mi-réponse parce que je fais les questions et les réponses en même temps que je pense à ma dernière lecture sur un meurtrier en série et à la vidéo de petits chatons trop mignons qui se ramassent des gamelles à la pelle). Le questionnement était donc celui-là : « Mais dis-moi Léon, avec quelle fille joues-tu pendant la récréation ? Y a-t-il des copines avec qui tu joues ? » Et là, le fripon me répond : « Je ne joue pas avec les filles, j’aime pas les filles. »

Alors vous pensez bien que, d’un coup, mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai de suite eu envie de retirer mon soutien-gorge, de le brûler devant lui, en lui montrant des photos de femmes battues, violées, de bulletins de salaire de deux employés ayant le même taf sauf qu’il y en a un qui est une femme et que donc ça justifie que ce soit 20% moins élevé que le mec en face. Non mais qu’est-ce que tu nous fais, espèce d’obscurantiste à la gomme. Et je me suis rappelé qu’il n’avait que quatre ans. Alors j’ai dit d’une voix toute douce : « Oh mais Léon, mon cœur, on ne peut pas dire ça. Les filles, elles sont comme toi, tu peux jouer avec elles, tu sais, y a pas de différence. » Sur ce, mon chéri, à qui l’on ne peut pas prêter de pensée sexiste ou machiste, a déclaré calmement : « Non mais c’est normal à son âge, tous les enfants disent ça. » Dans ma tête, ça a fait « oui, mais non, mais, enfin, oui ok, c’est vrai, d’accord mais… »

Et me voici quelques jours plus tard, repensant à ce moment qui a allumé dans mon esprit un étrange flot de réflexions sur la vision que l’on donne à nos enfants, encore aujourd’hui, mais oui, c’est dingue, des hommes et des femmes. Ce si minuscule et naïf « J’aime pas les filles », sorti de la bouche d’un enfant de 4 ans qui pourtant ne vit pas au quotidien cette situation, a notablement ébranlé mes convictions de maman qui éduque son fils dans le respect de tous et dans l’égalité naturelle. Enfin, je veux dire, il a en résumé annoncé : « Je n’aime pas la moitié de l’humanité. » WTF ???

Alors j’ai mis en route mon ordinateur interne et j’ai analysé les données. Première réaction : c’est forcément un mini-macho en culotte courte qui lui a fourré cette idée dans la tête. Je vais le choper et lui faire bouffer sa misogynie pré-pubère à ce coquin-là. Comment à 4 ans peut-on déjà faire la différence entre un garçon et une fille ? Comment à 4 ans peut-on déjà penser qu’il faut aimer ou ne pas aimer l’Autre, à moins qu’il ne nous ait déjà fait du mal ? Comment ? Merci les papas et les mamans qui ne cessent de dire « Fais pas la fille, tu pleurniches comme une fille, comme une fille, comme une fille… » Oui, je le répète trois fois parce que cette phrase, loin d’être anodine, heurte ma nature profonde aujourd’hui. Comme une fille ! Mais à quatre ans, un enfant ne sait pas ce que ça veut dire « Comme une fille ».

Et puis ensuite, mes rouages m’ont dirigé vers ma propre situation (ouh petite égocentrique que tu es !). Que voit mon fils aujourd’hui ? Une maman à la maison, qui a dû faire le choix de laisser son travail de côté pour suivre toute la famille. Et c’est normal, on ne laisse pas son fils de un an sans un de ses parents !! Aucun regret de ce départ, mais encore une fois, c’est la femme qui sacrifie sa carrière (même si je sais que mon amoureux le ferait direct si je trouvais un super taf). Et quand j’ai pris un congé parental pour m’occuper de mon enfant à un âge où il a surtout besoin d’être avec ses parents, maman était à nouveau dépendante de papa ! Et globalement, puisque je suis à la maison, qui prépare, le plus souvent, les repas, plie le linge, lave la maison, fais les courses, pense à ce qu’il manque, gère les stocks, prend les rendez-vous médicaux, etc ? Et le pire c’est que de nombreuses femmes font ce que je fais tout en travaillant (oui, gnagnagna, je parle de la fameuse charge mentale qui gène aux entournures). Bref, mon fils a tout de même un exemple qui ne révèle pas toute la grandeur de la femme et de ses compétences.

Mais que voit-il d’autre ? Il ne regarde pas la télé. Il n’a jamais vu de dessin animé plus long que 28 minutes (et c’est l’histoire d’un petit écureuil et d’un monstre). Mais attends, dans ses micro-dessins animés, qui est le leader à chaque fois ? Mais oui, un mâle ! À chaque fois, c’est un être de sexe masculin. Et pourtant qu’est-ce qu’ils sont mignons ces mini-héros ! Pierre Lapin est super, mais heureusement qu’en personnage secondaire il y a sa copine, qui réfléchit et trouve toujours une astuce pour éviter ou se sortir des pièges ! Elle a la connaissance et la sagesse, Pierre a la spontanéité et la fougue. Soit. Et dans Les As de la Jungle ? Une seule femelle pour combien d’animaux ? Tttttt mais ça ne va pas du tout.

Alors promis, mon doudou d’amour, désormais, je vais bien regarder ce que tu observes dans le monde. Et je vais démonter toutes les images sexistes que l’on t’oblige à intégrer à l’insu de ton plein gré. Et bientôt, tu pourras dire que tu as des copines avec qui tu joues parce qu’elles te font rire, parce qu’elles courent vite, parce qu’elles savent vaincre des dragons terribles, parce qu’elles réparent les voitures dans le garage et aussi parce qu’elles sont comme toi.

Tu seras un homme, mon fils, parce que tu aimeras simplement l’AUTRE.

Cher Papa Noël

Cher Papa Noël,

L’an dernier, tu as été super généreux avec moi. J’ai adoré mon camion-poubelle et je joue toujours avec ma poupée clocharde. Oui, je l’appelle comme ça parce que, depuis l’an dernier, elle a eu des petits soucis au niveau du boulot. Elle a été renvoyée de son entreprise et a perdu sa maison. Mais du coup, c’est pas mal parce qu’elle peut vivre dans le camion-poubelle ! Et je crois qu’elle va s’inscrire à de la téléréalité pour devenir célèbre un peu plus vite.

Alors cette année, j’ai bien réfléchi à ma commande. Mais tu vois, avec tout ce qui se passe dans le monde, je me pose un peu des questions. D’abord, je me dis que, bon, j’ai déjà pas mal de jouets. En plus, je ne comprends pas trop pourquoi, mais il paraît que ce sont des enfants qui les fabriquent et en plus, des enfants chinois. C’est bizarre quand même cette histoire ! Alors qu’il y a des gens qui ne travaillent pas et qui commencent à être très pauvres et très tristes dans mon pays. Tu y comprends quelque chose toi ?

Et puis j’ai réfléchi à ton travail. Ne le prends pas mal, hein, Père Noël, mais je trouve que tu bosses pas beaucoup, beaucoup. Tu sais qu’il y a de plus en plus de personnes qui ont deux emplois ? Toute l’année ! Alors, il serait peut-être temps que tu t’y mettes ! Parce que, c’est vrai, la nuit du 24 au 25 décembre est vachement difficile pour toi et tu es un peu vieux, mais tu as quand même 364 jours pour te reposer. Attends, je vérifie… oui 364 jours ! Alors je te propose un deal : tu bosses un peu plus dans l’année et on arrête avec les listes de cadeaux impossibles. Voire, on libère un peu les lutins qui doivent se farcir la fabrication de jouets en plastique bourré de bisphénol et tous ces trucs chimiques qui ne sont pas très bons pour la santé. Ils vont finir par faire que des rejetons déformés et on sera envahis de trolls. Et moi, j’ai pas envie de voir plein de trolls malades ou allergiques parce qu’ils ont été entourés de choses pas bonnes pour eux. C’est un peu comme notre nourriture ! Il y a trop de « pespicides », y paraît ! Tu vois le truc, Père Noël ? Tu veux bien partager un peu de ton temps de travail ?

Bon, et pendant qu’on y est, tu ne pourrais pas essayer d’arranger un peu l’ambiance générale. Tu sais quand on a mon âge, on remarque plus de choses qu’on le croit. J’ai bien vu qu’il se passe des événements terribles dans le monde. Ca fait un peu peur tous ces gens qui tuent d’autres gens dans les rues. Et en plus, y disent que c’est pour Dieu ? Et oh, Père Noël, franchement, ça m’étonnerait un peu que leur Dieu, qui a créé le monde (je sais pas trop sur ce point, mais je préfère pas m’avancer) il veuille qu’on tue ce qu’il a créé. Oh ! C’est trop bizarre !

Mais allez, avec tes super pouvoirs – parce que tu as des super pouvoirs (ben oui, on ne peut pas distribuer des cadeaux dans le monde entier en une seule nuit sans super pouvoirs), tu ne pourrais pas faire en sorte que les habitants de cette planète retrouvent le sourire ? Dans les jours qui te restent à travailler, tu te tournes vers le truc qui marche bien en ce moment dans nos contrées occidentales : la slow life, le zen, le hygge, la méditation, la bienveillance (oui, je sais, c’est malpoli pour certains de prononcer ce mot mais il est joli). Enfin, la cool attitude ! Tu fais deux/trois formations, tu vas voir tes voisins des pays nordiques. T’apprends sur le tas et à Noël, hop… t’enfourches ton traineau à énergies renouvelables et tu instilles un nouveau souffle à ce monde qui fait un peu n’importe quoi !

 

Moi, j’adore ta magie de Noël ! Je trouve que c’est joli quand tout brille et quand on passe des moments tout doux avec nos familles. Mais autour de moi, ça boude, ça râle. Je sais que la vie d’adulte, c’est pas toujours facile, mais je crois qu’on ne voit pas toujours le bon côté.

Dis, Père Noël, est-ce que pour les prochaines fêtes, tu ne pourrais pas aider à changer les choses ? Je sais que tu es très généreux alors justement. J’ai envie, qu’à partir du 1er janvier 2018, on ait plein de bonnes nouvelles aux informations. Y en a marre des malheurs, je veux que du bonheur. J’ai entendu à la radio une fois qu’il y avait plein de belles « i-ni-tia-tives », ils ont dit. Alors, toi qui les vois en voyageant, tu ne pourrais pas les partager ? Je sais pas moi, utilise Facebook ou Twitter ! T’as qu’à créer un blog !

Allez, Papa Noël. Dans ta hotte cette année, tu nous fais une magnifique livraison de générosité, de convivialité, de respect, de pensées positives, de gratitudes. Parce que, vraiment, mon vieux, cette année, j’ai tellement envie de continuer à croire en toi.

À bas les vrais gentils, on veut être méchants !

Haaaa. Le VRAI gentil. C’est beau, c’est lisse, ça brille et ça… déstabilise. Vous savez, le vrai gentil, c’est celui (ou celle) qui lors d’un repas hebdomadaire avec vos meilleurs amis pose sur vous un regard bienveillant et un sourire plein de compassion empathique lorsque vous vous versez de l’eau sans avoir servi les autres avant. En gros, c’est celui qui vous colle une énorme honte avec bienveillance et sans un mot pour votre cuistre impolitesse. Mais tout en douceur.

La vraie gentille c’est celle qui, lors d’une soirée filles – vous savez, ces soirées qui finissent généralement en un crêpage de chignon salvateur puis en larmes alcoolisées et gros câlins – cette fille donc qui n’a de mots de travers pour personne, qui tempère vos propos avec tendresse et toujours ce foutu sourire serein sur les lèvres. Cette fille que vous ne voulez plus inviter mais qui vous est indispensable alors qu’elle gâche le plaisir de déverser votre venin, nécessaire pour expulser le trop plein de frustrations. Elle vous fait peur…

Non mais c’est vrai, reconnaissez que ce serait un peu hard un monde sans méchant.

Vous : Bonjour, ça allait aujourd’hui mon petit Géronimo à l’école ? Pas trop de distribution de claques ?

La maîtresse : Mais non pas du tout ! Au contraire. Lors du goûter, lorsqu’un camarade a émis l’idée qu’il pourrait potentiellement voler les gâteaux de son ami (quelle idée farfelue, vous en conviendrez !), Géronimo a trèès bien réagi. Il a organisé un débat afin de déterminer quelles pourraient être les conséquences désastreuses d’un tel acte. Les élèves ont été admirables ! Des solutions pacifiques et très respectueuses de partage et d’échange ont été trouvées. Ha quelle belle journée !

Vous : … ha… même pas une petite pichenette ?

Et le cinéma. Mais vous imaginez le cinéma sans bons gros méchants ? Après le Bon, la Brute et le Truand, le Gentil, le Très Gentil et le Super Gentil.

Le Gentil : Bonjour, je souhaiterais braquer la banque mais auparavant, je veux être absolument sûr de ne pas perturber l’économie locale et placer ces pauvres agriculteurs mexicains en grand désarroi.

Le Très Gentil : Bronco, ne t’inquiète pas, il n’y a pas de problèmes… il n’y a que des solutions.

Le Super Gentil : C’est vrai Ombré, je pense que nous pouvons prévoir une sorte de braquage à taux zéro avec promesse de ne pas brûler les récoltes de broussailles et de cactus. Une solution équitable qui peut satisfaire l’ensemble de la communauté…

Et vas-y que je te colle de la bienveillance, de la communication non-violente et de la sérénité « yogaesque » partout.

Raaah mais NON ! On veut du méchant, on veut des guns qui dézinguent tout, des « Mouahahahaha » malveillants de bons gros vilains qui viennent de l’espace et qui détruisent le monde dans un enfer apocalyptique de flammes irradiées. Et ne me dites pas que, le jour des amoureux, alors que vous venez de vous faire plaquer une semaine avant, vous n’êtes pas de celles qui ont plus envie de choper Valentin, de lui arracher les ailes et de lui faire bouffer son arc à l’horizontale. Nan mais oh… ça va là. Et mince, on veut être méchant parce que ça fait du bien… voilà.

Alors oui, être gentil ça s’apprend, ça se pratique. Paraîtrait même que ça apaise l’esprit et rend serein. Mais bon, les vilains, on en a besoin. Sinon, comment on ferait pour avoir des beaux gentils qui viennent sauver le monde en volant à notre secours ? Hein… comment on ferait ?

Etre une fan de rugby, tu sais, c’est pas si facile

Une fois n’est pas coutume, je publie une chronique qui vient d’être publiée dans le magazine pour lequel je bosse : F’Ames/Oz’Omes, magazine gratuit du Grand La Rochelle et de l’Ile de Ré ! Si ça vous plaît, n’hésitez pas à me l’écrire sur le blog. Merci !

Avis aux lecteurs : cette chronique ne concerne pas les aficionadas du rugby… elles sont trop fortes. Vous savez, toutes ces femmes qui s’y connaissent tellement en rugby qu’elles réchauffent votre bière dès qu’elles commencent à parler du dernier match du Top 14. De manière non caricaturale, elles portent un nom basque, elles analysent les phases de jeu en vous donnant des complexes même si vous êtes joueur de l’équipe de France et vous avez arrêté de jouer avec elle au Trivial Poursuit spécial sport parce qu’elles vous laminent en trois tours de dés (oui, elles ont en plus la gagne au jeu !).

Non, cette chronique s’adresse à la clémence des rugbymen, des vrais, mais aussi aux rugbymen de salon, qui renversent leur pinte en s’approchant de l’écran et en hurlant « Allez, allez, allez les Jaunes et Noirs » quand leur équipe joue dans les cinq mètres de l’en-but.

Nous vous demandons, ici, la plus grande clémence pour nous, les fans de rugby qui vous aiment mais… qui n’y connaissent rien ! On aura beau faire, on vibrera toujours en regardant un match de beaux hommes musclés, tatoués et tout suintant de sueur (je m’égare pardon)… Mais oui, il se peut que parfois, au détour d’une action, nous puissions nous écrier : « Hey mais y a pénalty, là ! Il fait quoi l’arbitre ? Nan, mais il a eu son diplôme dans un paquet Bonux ou quoi, ce bip bip bip » (la rédaction se donne le droit de censurer, surtout pour défendre ces pauvres arbitres trop souvent maltraités). Ou alors de poser la question, le plus naïvement du monde : « Pourquoi y-a-t-il un coup-franc ? » au moment où un joueur s’apprête à transformer un essai.

De même, nous confondrons toujours les ailiers, les trois-quart-aile et les talonneurs. Mais par contre nous avons bien retenu que le demi-de-mêlée, c’est le petit nerveux et le gros baraqué, le pilier. Ҫa, pas de problème.

Et oui, nous continuerons à faire des commentaires sur l’aspect moulant ou la couleur des maillots, tout en demandant, avec des yeux malicieux et pétillants, si c’est bien ce joueur-là, le beau gosse, qui a posé pour les Dieux du Stade, le sourire et le regard perdus vers des horizons lointains promesses de doux… (pardon, je me re-égare).

Parfois, aussi, il nous arrivera peut-être de demander pourquoi l’arbitre ne siffle pas un en-avant alors que nous n’avons pas remarqué qu’ils ont changé de sens de terrain.

Enfin, nous souffrirons pour vous, qui frottez vos tristes oreilles contre celles de vos adversaires ; nous pousserons des cris stridents de douleur lors d’un plaquage un peu musclé avec des « Oh, le pôvre » apitoyés.

Mais quoi qu’il arrive, même si nous enchaînons les maladresses, que nous ne connaissons pas le nom de tous les joueurs, vous pourrez toujours compter sur nous pour vous supporter, crier « Ici, ici c’est La Rochelle », vous soutenir et jouer les furies dans les gradins, quitte à vous coller une honte monumentale, quand vous perdrez des batailles mais gagnerez vos guerres.