Brûle en enfer

Chère dépression,

Tu as cru bon devoir m’aider quand je me suis sentie en faiblesse. Tu as cru qu’en t’installant en moi, bien au chaud, bien au cœur de mes entrailles, tu pourrais me servir de bouillote réconfortante. Que cela serait une sorte de soutien psychologique qui attirerait peut-être, qui sait, l’attention sur moi. Tu as bien travaillé pendant ces dernières années. Tu as su instiller en moi un profond sentiment d’impuissance, d’inutilité et de désespoir. Le négativisme est devenu mon mode de fonctionnement. Le pessimisme aussi, ôtant toute force à l’optimisme des gens qui m’entouraient, aux belles choses qui m’arrivaient par ailleurs. Non, tout ça, tu l’as tranquillement déconstruit, détruit. Tu as réduit comme peau de chagrin ma motivation, mes envies, mes besoins, ma volonté. Je suis devenue un fantôme de moi-même, un poids lourd et dépendant pour mes proches. Adieu l’estime de moi, adieu l’amour que je me porte avant tout. Oui, tu as bien travaillé. Tu as mis à mal ma relation avec mon fils, mes relations sociales, puisque je suis devenue une ermite-mamie-avec des chats, mon couple. Tu es une pro de la destruction, espèce de petite Lilith à deux balles.

Alors maintenant, écoute-moi bien, sale petite vermine. Ta bonté enveloppante, je n’en veux plus. Ta noirceur permanente, tu peux te la coller où je pense. Aujourd’hui, je te le dis, je t’emmerde et te conchie. Tu as détruit ce qui était le plus important : ma propre personne. Alors aujourd’hui, je te demande, calmement, mais de manière ferme, de prendre tes valises, bien trop lourdes pour moi et surtout beaucoup trop encombrantes pour ma petite personne, et de te casser, loin, très loin. En fait, je pense même que je vais te brûler, vive. Parce que tu ne mérites rien de plus que mon mépris et ma haine.

Ha oui, oui, oui, oui. Je t’entends déjà me dire : « Mais c’est inconfortable d’affronter le monde, ma louloute… Tu vas devoir prendre des risques, t’exposer. C’est instable, insécurisé… Il va te falloir de la force et de la volonté. ET ta volonté, rappelle-toi, je l’ai réduite en miettes, ta petite volonté. » Et bien, là encore je te répondrai : « Va te faire foutre ! »

Parce que justement, je préfère affronter l’instabilité que de me complaire dans un mal-être destructeur. Parce qu’aujourd’hui, je veux retrouver ma verve destructrice et écrire des chroniques drôles, incisives et ironiques. Parce que je veux vivre avec espièglerie et humour. Profiter de ceux que j’aime sans sentir au creux de mon oreille un truc qui met en permanence un doute sur ce que je suis en train de vivre. Je veux vivre MA vie et je veux que tu te barres.

Alors maintenant qu’on a fait le point, je vais imprimer cette lettre et la brûler. Pour le symbole, la libération. Je vais aussi la publier parce que mon blog parle de choses qui sont universelles et que je veux embrasser cette universalité et non plus ma seule et unique personne en mal de vivre. Alors bye bye connasse. Va, je te haie… vraiment !